lundi 3 juin 2019

Elle est étrange ma vie de romancière :





Elle est étrange ma vie de romancière :

Que l’on s’enferme dans un café au milieu du brouhaha ou qu’on préfère comme moi rester dans un lieu calme, même entourés, quand on écrit on est seul. On vit dans notre tête avec des personnages que personne d’autre que nous ne connait : ceux qu’on invente. La plupart du temps, quand je quitte les miens, c’est pour retrouver dans mes lectures ceux d’autres écrivains, tout aussi irréels. Je n’écoute pas la télévision (à part La grande librairie). Je passe plus de temps avec mes amis virtuels sur les réseaux sociaux qu’avec mes amis de chair et d’os. Depuis cinq ans, je vis un peu en dehors du monde réel.

La réalité m’a rattrapée brusquement avec le festival du livre de Nice en me sortant de l’ombre pour me faire partager l’affiche avec, outre les auteurs, des personnes renommées du show biz et de la politique. Non pas que cela m’ait impressionnée de les côtoyer car cela a été le cas pendant toute ma carrière, mais alors, en enfilant mon uniforme je troquais mon identité contre celle d’Air France. Me retrouver derrière un comptoir face au public comme je l’avais fait pendant plus de 20ans avec cette fois mon nom posé dessus et un badge « auteur » autour du cou m’a semblé très étrange. J’avais l’impression de jouer un rôle qui n’était pas le mien. Pourtant, ma joie n’était pas feinte et le sourire qui l’exprimait n’avait rien de commercial, mais bizarrement, voir défiler devant moi pêle-mêle des futurs lecteurs enthousiastes et d’autres venus me dire combien ils avaient aimé La compagnie des livres, d’anciens collègues, des personnes rencontrées sur les réseaux sociaux, des amis (vrais ceux-là pour le coup) a semé la confusion dans mon esprit et à un moment j’ai cru perdre pied, ne parvenant plus discerner le vrai du faux. 
























Elle est merveilleuse ma vie de romancière :

Ce moment de flottement n’a pas duré longtemps. Je me suis vite reconnue dans ma nouvelle peau : celle de Pascale Rault-Delmas auteure, celle dans laquelle je me sens si bien. Il est vrai que la transition entre la solitude extrême pendant les périodes d’écriture et le bain de foule dans lequel on se retrouve plongés pendant les salons est brutale mais les deux sont pour moi des moments de bonheur.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire